JEN n°36 : Jesus Camp vu par la presse
À propos de la sortie du film « Jesus Camp »
Comme c'est amusant, pour ne pas dire triste ou peut être inquiétant, de voir en France, dès que l'occasion se présente, resurgir les vieux démons du passé! Le prétexte, cette fois, c'est un documentaire américain d'une heure vingt-cinq minutes «Jesus Camp», devant sortir aujourd'hui, le 18 avril. Et revoilà tout le fatras habituel des critiques et des jugements sur les «évangéliques» ! Depuis les dragonnades louis-quatorzièmes, rien n'a vraiment changé en France. Aujourd'hui, ce ne sont plus des petits soldats du roi qu'on expédie contre celles et ceux qui ne croient pas comme les autres, mais des «petits soldats» de la pensée unique, de la foi convenable, du politiquement correct en matière de religion, comprenez quelques journalistes, critiques de cinéma ou encore plumitifs se pensant inspirés. J'en cite l'une d'entre elles: «(...) « le discours des enfants, fous de Dieu en puissance, est édifiant. On pourrait avoir parfois envie d'en rire, mais Dieu sait que Jesus Camp fait peur.» Barbara Théate, Le journal du dimanche et Allociné.
Mais en quoi les gens qui ne pensent pas comme vous, qui ne croient pas comme vous, qui vivent bien leur foi, et s'épanouissent dans leur existence, peuvent-ils bien vous déranger ? L'Inquisition ne serait donc pas tout à fait terminée ? En quoi la bonne vieille "tradition religieuse", qui influence encore nos mentalités, notre culture, et conduit à des réflexes violents contre les évangéliques en particulier serait-elle meilleure que la foi évangélique? Personne, ou si peu, pour dénoncer son hypocrisie notoire, ses acoquinements historiques avec toutes sortes de pouvoirs (de la démocratie aux dictatures), ses appointements avec toutes sortes de milieux pour conserver son pouvoir, sans parler de son influence sur l'élection de tel ou tel Président de
Je ne vois vraiment rien de choquant à ce que des gamins maudissent Harry Potter ; personnellement je n'ai aucune sympathie pour ce petit génie de la magie; franchement, est-ce bien mieux de voir des gamins français l'idolâtrer et croire qu'avec quelques tours de magie, quelques formules bien choisies, tous leurs petits problèmes quotidiens vont s'évanouir?
J'appartiens, moi aussi, au «Camp de Jésus» et j'en suis fier; je ne suis pas plus fou dans mes pratiques de foi que celles et ceux qui allument des cierges achetés à prix d'or parfois, ou qui vont se rendre dans une grotte pour obtenir tel ou tel miracle de la part d'une défunte. Par contre, je veux apprendre à respecter celles et ceux qui ne croient pas comme moi, parce que cela, en France, on ne sait pas le faire. Mesdames et Messieurs les journalistes, intellectuels, philosophes, qui vous laissez tant influencer par cette vieille culture catholique – que par ailleurs vous rejetez en bloc – sachez que vous être très «français» dans vos réactions, très basiques dans vos critiques, si peu enclins à la justice dans vos commentaires; c'est faux de prétendre que «tout ce qui ne correspond pas à un modèle catholique (en France du moins) n'est pas bon» : Si vous n'êtes pas religieux, si vous n'allumez pas de cierges, si vous n'allez pas à confesse, vous êtes donc une secte ! STOP !
Soyez donc un peu plus objectifs et un peu plus intelligents ! vous ressemblez tellement à celles et à ceux qui, au nom de ces sacro-saint principes, ont affaibli
Oscars 2007
Jesus Camp a été nommé aux Oscars 2007 dans la catégorie "meilleur" documentaire.
Allociné Source : Topinfo
Jesus Camp, un documentaire controversé Un nouveau documentaire américain arrive sur nos écrans de cinéma, décrivant les colonies de vacances dirigées par une chrétienne pentecôtiste fondamentaliste, Becky Fischer, également une fervente admiratrice du président George Bush. Jesus Camp a soulevé une forte polémique outre-Atlantique, d'une part en raison des pratiques de piété dépeintes, qui peuvent paraître choquantes, d'autre part à cause de l'orientation religieuse et politique du film, qui associe implicitement les protestants évangéliques à des partis-pris que beaucoup d'entre eux rejettent, aux Etats-Unis comme en Europe. Le long-métrage montre des enfants parlant de leur foi avec éloquence, mais également avec une forte émotivité, ce qui a suscité des accusations de lavage de cerveau à l'encontre de Fischer. Les images où les campeurs prient pour George Bush en imposant les mains à une effigie grandeur-nature en carton du président ajoutent une tonalité politique à un film déjà fortement marqué par un esprit d'extrémisme religieux. La colonie a d'ailleurs fermé, suite aux dégradations perpétrées sur place par des opposants antireligieux, motivant les propriétaires du site à refuser le renouvellement du bail aux organisateurs du camp. Les réalisatrices, Heidi Ewing et Rachel Grady, ont défendu l'objectivité de leur travail en soulignant qu'elles ne font que reprendre les paroles des enfants et des autres personnes dont les propos figurent dans le film. Mais de nombreuses voix se sont élevées pour critiquer leurs décisions de montrer certaines scènes plutôt que d'autres. On leur reproche leur approche partisane d'un contexte religieux dans lequel beaucoup de chrétiens, dont un nombre croissant de protestants évangéliques américains, ne se reconnaissent pas. La fédération nationale des camps et congrès chrétiens (CCCA – Christian Camp and Conference Association) a publié un communiqué pour préciser que les méthodes employées par Becky Fischer ne ressemblent pas à l'approche pédagogique et spirituelle de l'ensemble des camps et colonies chrétiennes aux USA. Selon Bob Kobielush, président de la CCCA, « le film ne représente pas l'œuvre accomplie par les camps chrétiens depuis des dizaines d'années ». D'autres responsables évangéliques à l'échelle nationale ont affirmé que le film est une piètre représentation des milieux évangéliques. Parmi eux, Ted Haggard, ancien président de l'association nationale des évangéliques américains, a dénoncé la vision biaisée du film après sa sortie, bien qu'il ait accordé des entretiens aux réalisatrices pour le tournage. Alors que le magazine Time titrait le 19 mars 2007 « L'émergence de la gauche religieuse », soulignant l'importance croissante d'évangéliques qui rejettent la politique de George Bush, de nombreux chrétiens reprochent à Jesus Camp de perpétuer l'amalgame superficiel entre protestants évangéliques et conservatisme politique aux Etats-Unis. L'article de Time mentionne le travail de l'organisation Sojourners, sous la direction de Jim Wallis, un évangélique militant pour la prise en compte politique de considérations éthiques autres que l'avortement et l'homosexualité, focalisant sur la priorité biblique donnée à la question de la pauvreté et des droits sociaux. Auteur de nombreux livres, Wallis a récemment suscité de nombreuses réactions en écrivant : Why the Right gets it wrong and the Left doesn't get it (« Pourquoi la droite se trompe et la gauche n'a rien compris ») , dans lequel il vilipende l'irresponsabilité des prises de positions politiques de nombreux chrétiens de droite, tout en pointant du doigt la mauvaise volonté de nombreuses personnalités de gauche dans leur évaluation des prises de positions évangéliques et bibliques. Time magazine mentionne cette émergence d'un protestantisme évangélique de gauche comme une des tendances montantes aux USA en 2007. Si Jesus Camp n'est pas représentatif des milieux évangéliques dans leur ensemble, c'est notamment en raison de la présélection de facto des jeunes campeurs. Becky Fischer admet sans détour que les enfants déjà portés sur le militantisme religieux constituent la principale source d'inscriptions pour ses sessions. « Si je mets de l'eau dans mon vin, personne ne viendra, » a-t-elle déclaré. « Si vous voulez des choses moyennes, ordinaires comme il se fait à l'école du dimanche ou au catéchisme, c'est pas mon truc. Je veux des enfants déjà passionnés ». Elle affirme vouloir former des enfants à devenir des décideurs de demain, notamment dans le domaine de la politique. En cela, son discours plait aux adultes peu satisfaits de voir leurs enfants se couler dans le moule de la société contemporaine, cibles passives de stratégies commerciales destinées à en faire principalement des consommateurs. En visionnant le film, il est indéniable que les enfants sont passionnés et prennent du plaisir à nombre des activités qui leur sont proposés dans ces colonies. Certains argumenteront qu'il vaut mieux cela qu'un été passé devant la Playstation ou à vivre par procuration devant les séries télévisées. Rachel Grady, une des réalisatrices du documentaire, admet qu'elle a filmé surtout l'extrême droite du mouvement évangélique. Elle souligne que son objectif premier n'était pas de faire un film sur le mouvement évangélique, mais sur la manière dont certains enfants peuvent vivre la foi religieuse. La réception de Jesus Camp en France sera certainement plombée par des obstacles culturels et linguistiques. J'ai déjà lu des critiques du film sur des sites francophones qui affirment de manière erronée que les enfants font des prières à George Bush, alors qu'une certaine connaissance des milieux charismatiques et pentecôtistes permet de comprendre qu'il s'agit seulement de prières adressées à Dieu pour qu'il bénisse Bush, avec imposition des mains sur une effigie en carton du président. Le geste peut-être considéré comme ridicule, mais il ne s'agit pas d'une divinisation de Bush. De même, le vocabulaire utilisé autour du film risque de porter tort à la clarté du débat. Dans ce contexte, le terme « liberal », notamment, ne correspond pas à une tendance théologique, mais décrit une option politique qui correspond à une position « à gauche du centre ». Tandis qu'en français, le terme libéral, utilisé à propos de chrétiens protestants, décrit plutôt une tendance théologique moderniste qui rejettent l'autorité de la Bible comme parole inspirée de Dieu. Ainsi, en français, il serait antinomique de parler d'un « évangélique libéral », alors qu'en anglais, dans le débat sur la religion et la foi au Etats-Unis, il fait référence aux protestants évangéliques qui, acceptant l'autorité divine de la Bible, désirent voir figurer en bonne place les questions de la pauvreté, de l'engagement social et de la protection de l'environnement. Et il s'en trouve un nombre croissant. Jonathan Hanley, 19 avril 2007 Notes: 1. Bob Kobielush, président de la CCCA, dans un entretien accordé à Sarah Pulliam pour Christianity Today, 13 novembre 2006. 2. 3. Becky Fischer, citée dans un article de Sarah Pulliam pour Christianity Today, 13 novembre 2006. 4. Rachel Grady, dans un entretien accordé à Peter Chattaway pour Christianity Today, le 12 septembre 2006. |
Source : J. Hanley/GBU France/Blogdei |
Les évangéliques Français, refusent tout amalgame avec les plus extrêmes de leurs cousins d'Amérique
Les évangéliques se sont multipliés par sept ces soixante dernières années. Leur nombre tourne entre 350 000 et 400 000 sur les quelque 1,1 à 1,7 million de protestants français. Implantés majoritairement en zone urbaine, souvent d'origines afro-antillaises, ils se partagent entre la Fédération évangélique de France, la Fédération protestante de France (FPF), les Assemblées de Dieu (pentecôtiste) et des églises « non inscrites ».
Atteinte à la laïcité
Ce développement intrigue les Renseignements généraux qui lancent une enquête sur tout le territoire. À la FPF, on s'inquiète des conséquences sur les esprits de cette enquête qui « stigmatise », mais aussi de l'influence de ce documentaire sur l'image des camps d'été pour jeunes. Il pourrait renforcer les convictions de certaines caisses d'allocations familiales qui refusent d'octroyer des bons de vacances aux familles concernées au motif d'atteinte à la laïcité. La Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité a été saisie à ce sujet par les protestants. Directeur de la Ligue pour la lecture de la Bible - qui organise une trentaine de séjours annuels -, le pasteur baptiste Marc Deroeux s'insurge : « Nos camps n'ont rien à voir avec du bourrage de crâne à l'américaine ! Nous ne sommes pas sur la même planète. » Secrétaire général de l'Alliance évangélique française, Stéphane Lauzet renchérit : « Nos racines évangéliques ne se trouvent pas aux États-Unis mais en Europe. »
La prudence prévaut pourtant chez Jean-François Colosimo, auteur de Dieu est américain, chez Fayard. « Tout, en France, semble interdire une collusion politico-religieuse. Mais la laïcité est fragile et les tentations présentes. » Pour preuve, il signale que « les mouvements religieux qui fonctionnent sont fortement identitaires : charismatiques, évangéliques ou loubavitchs ». Et que des populations sont « confrontées en banlieue au renouveau islamiste ». À l'heure des élections, un micro-Parti républicain chrétien prétendant « inverser le processus de déchristianisation » va présenter son premier candidat aux législatives. Et Georgina Dufoix, ancien ministre, s'est lancée dans une vaste campagne évangélique de prière pour que l'Esprit-Saint descende sur la France...
SOPHIE DE RAVINEL